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L'évolution du Human Centric  Design

metadata
DATE :
25.07.2025
AUTEUR :
Alexandre BERNELIN
Temps de lecture :
2 minutes
Article

De l’intuition critique à l’exigence normative

En 2013, l’article fondateur soulignait la limite structurante du user‑centred design : son focus sur l’instant d’usage laissait hors‑champ la production, la maintenance et la fin de vie des artefacts La Revue du Design. Depuis, la normalisation internationale a entériné l’approche human‑centrée comme bonne pratique industrielle (ISO 9241‑210 confirmée en 2025) tout en rappelant que le design doit couvrir l’ensemble du cycle de vie des systèmes interactifs ISO. La consolidation d’une doctrine n’a toutefois pas mis fin aux critiques : Don Norman appelle aujourd’hui à dépasser l’individu pour inclure la planète et les sociétés futures, plaidant pour un humanity‑centred design capable de « résoudre les problèmes pressants de l’humanité ». Parallèlement, la littérature académique évoque un tournant life‑centric, qui intègre explicitement les limites planétaires et les parties prenantes non humaines.

Différencier les niveaux de focus

Selon le NIST, la conception human‑centrée se définit par l’implication continue des utilisateurs, l’itération et la prise en compte de l’expérience globale. Trois paliers se dégagent désormais :

  • User‑Centric : optimisation de la tâche et de la satisfaction immédiate.
  • Human‑Centric : prise en compte des facteurs socio‑techniques et de l’éthique de production.
  • Life‑Centric : inclusion des écosystèmes, des générations futures et des objectifs de durabilité globale.

Le passage d’un palier à l’autre n’abolit pas le précédent ; il l’englobe dans un périmètre élargi, tout comme la perspective systémique intègre sans la nier l’ergonomie classique.

Vers une instrumentation systémique du Human‑Centric Design

Parmi les dispositifs qui rendent l’éthique opérationnelle, le modèle Human Centric Design décrit par PAD offre un exemple mature. Il s’appuie sur trois artefacts analytiques articulés :

  1. Panorama stratégique : un scan macro‑économique, réglementaire et concurrentiel qui convertit les signaux de contexte en insights design .
  2. Cycles des interactions : une cartographie concentrique qui relie gestes quotidiens, perception de marque et impact sociétal afin d’évaluer la portée temporelle et symbolique de chaque action de l’utilisateur .
  3. Matrices des ambitions : un croisement des interactions avec quatre familles de contraintes: sociales, technologiques, économiques et écologiques transformant chaque cellule en levier potentiel d’innovation mesurable .

Ces instruments produisent un brief design sourcé et quantifié qui sert de contrat inter‑disciplinaire ; ils illustrent la possibilité de faire converger rigueur scientifique et exigences de marché.

Mesurer l’éthique pour gouverner la conception

L’enjeu majeur n’est plus de proclamer une posture humaniste, mais de la traduire en indicateurs : taux de recyclabilité, indice d’inclusivité ou facteur de réparabilité, par exemple. La norme ISO 9241‑210 recommande déjà l’usage de check‑lists de conformité ISO, tandis que la recherche en life‑centric design insiste sur l’intégration de métriques environnementales alignées sur les limites planétaires. Les matrices PAD apportent une solution pragmatique : elles associent chaque interaction à une contrainte, puis classent les ambitions selon leur intensité sociale et écologique, créant ainsi la possibilité d’un arbitrage éclairé. Ce couplage de données qualitatives et quantitatives répond à la critique formulée en 2013 contre un design centré sur l’instant présent ; il étend la responsabilité du designer à l’ensemble de la chaîne de valeur.

Vers une éthique industrielle outillée

Douze ans après le premier manifeste, le Human‑Centric Design a quitté le registre de l’intuition critique pour rejoindre celui de la méthode démontrable. Son avenir dépend toutefois de sa capacité à épouser les exigences life‑centric sans renoncer à la précision ergonomique qui fait sa force. En articulant normes internationales, avancées théoriques et instruments de mesure comme ceux proposés par PAD, le design industriel dispose aujourd’hui d’un cadre robuste pour conjuguer innovation, performance économique et responsabilité élargie. La question n’est plus de savoir s’il faut être human‑centré, mais comment démontrer, données à l’appui, que chaque décision de conception contribue effectivement au bien‑être des personnes et des écosystèmes dans la durée.

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